Mercredi 9 avril : Visite au Musée SOULAGES de Rodez – Geneviève ASSE

Visite de Musées Soulages avec Anne Nières

Visite au Musée Soulages Exposition temporaire Geneviève Asse avec Anne Nières

RDV 10h – Durée de la visite : 1h30

1/ Musée SOULAGES

Visite au Musée Soulages
Exposition temporaire
Geneviève Asse
avec Anne Nières

Inscriptions

Tarif comprenant entrée + prestation + audiophones
TARIF 1 : 20 euros
TARIF 2 (si abonnement au Musée Soulages = gratuité de l’entrée) : 10euros

    Geneviève ASSE

    Geneviève Asse. Le bleu prend tout ce qui passe
    25 janvier – 18 mai 2025, musée Soulages Rodez

    Geneviève Asse (1923-2021) est une peintre du silence : pas de roulements de grosse caisse, mais un univers composé de bleus et d’une lumière incidente, brossés en rais ou en aplats. Le Bleu Asse est insaisissable, difficile à ranger dans un nuancier. La toile diffuse la lumière.

    « À l’intérieur de ma peinture, je pense qu’il y a une sorte d’armature. D’architecture secrète, qui est dedans. Et la peinture recouvre, couvre aussi cela. » affirmait en 1977, Geneviève Asse à Rainer Michael Mason.

    L’œuvre peint de Geneviève Asse peut déconcerter : les natures mortes austères des années 40, les formes rectangulaires, les nébulisations de blancs et de gris sur de vastes formats verticaux et les teintes de bleu qui gagnent progressivement l’espace, divisés en panneaux par des traits qu’on imagine parfaits. Chemins brouillés, pas de théories, pas de repentirs.

    Geneviève Asse a grandi entre ciel et mer, dans le Morbihan. Pour autant l’émotion qu’elle met en toute chose la sépare du réel pour une peinture informelle d’une grande subtilité. Elle n’appartient à aucun mouvement : la tradition est corrigée par son imagination et son expérimentation.

    ARTICLE « La Rhapsodie en bleu et gris de Geneviève Asse »
    PAR ITZHAK GOLDBERG·LE JOURNAL DES ARTS LE 18 FEVRIER 2025.

    “Le Musée Soulages a réuni 70 œuvres de la peintre, de l’infinie variation du bleu dans l’espace et la lumière rapportée à la surface de la toile.”

    « À la différence d’autres musées consacrés à un artiste, où la programmation se concentre sur celui-ci, les expositions à Rodez prennent souvent une liberté vis-à-vis de Pierre Soulages. Le groupe Gutaï, Pierrette Bloch, Lucio Fontana ou Calder sont quelques-unes des monographies que l’on doit à Benoît Decron, directeur des lieux. L’avant-propos du catalogue s’emploie généralement à justifier le choix de l’artiste exposé(e). 

    Pour Geneviève Asse (1923-2021), Alfred Pacquement, président du Musée Soulages, écrit « Les deux peintres se connaissaient, se respectaient. Tous deux avaient commencé à exposer au lendemain de la guerre en affirmant leur indépendance vis-à-vis des mouvements artistiques qui dominaient l’époque. Imprégnés de leurs milieux respectifs (la mer et le ciel de Bretagne pour l’une, les plateaux des Causses et du Rouergue pour l’autre), ils avaient gardé la mémoire de ces espaces fondateurs dans leur approche de la peinture. »

    Donner une forme picturale au silence Mais cette exposition permet surtout de redécouvrir une œuvre trop souvent réduite à des abstractions peintes en bleu. Une nuance désaturée de cette couleur porte d’ailleurs son nom : le « bleu Asse ». Les présentations de son travail tendent souvent à en faire une production poétique. Il est vrai que l’artiste, qui a grandi dans le Morbihan face à la mer, contribue elle-même à cette perception, évoquant fréquemment l’importance du bleu, qui « prend tout ce qui passe », selon le titre de Le parcours, non strictement chronologique, fait alterner les débuts figuratifs de Geneviève Asse avec ses œuvres abstraites. 

    Dans un premier temps, l’artiste met en scène des objets du quotidien – bouteilles, encriers, boîtes – tantôt simplement posés sur le coin d’une table isolée, tantôt situés dans le cadre de l’atelier. L’ensemble est peint dans des nuances de gris et de beige, évoquant inévitablement Jean Siméon Chardin, mais encore plus Giorgio Morandi. Comme chez ce dernier, les objets, d’un dépouillement absolu, excluant tout détail superflu, ne sont pas de simples accessoires mais de véritables acteurs. Comme chez le peintre italien, ils semblent donner une forme picturale à ce qui ne peut l’être : le silence.

    Si, dans ses premières œuvres, les contours sont nettement affirmés, ceux-ci s’estompent progressivement jusqu’à ce que les objets se fondent dans l’espace. Ainsi, dans Tasse petite (1957), la silhouette de la tasse se confond presque avec son ombre.

    Puis, deux toiles exposées côte à côte témoignent de l’évolution de l’artiste. Avec la première, Objet dans l’espace, un rectangle flottant, conserve encore la trace d’un objet. Avec la seconde, Composition : couleurs dans l’espace, un cercle chromatique tronqué se déploie comme un éventail. On pense à Kandinsky, qui affirmait mémoriser les couleurs des choses qu’il avait vues durant son enfance, mais non pas les objets eux-mêmes.
    La luminosité pour sujet 

    Suivent des toiles au format vertical, où la frontière entre intérieur et extérieur est incertaine. Porte blanche (1968) et Hommage à Saenredam (1969) présentent des surfaces blanches parcourues de lignes tremblantes – montants de portes ou de fenêtres ? – qui suggèrent une ouverture à la lumière. La lumière, ou plutôt la luminosité, devient alors le véritable sujet de plusieurs tableaux magnifiques, où une minuscule strie blanche horizontale rayonne au cœur d’une surface grise (Ouverture lumière, 1973).

    Sans recourir explicitement à la technique sérielle, Geneviève Asse réalise des variations, reprenant systématiquement ses compositions comme pour approfondir sa perception. En répétant les mêmes expériences avec de légères altérations, en représentant inlassablement le même motif, elle cherche à mieux saisir le monde et à le réinventer. 

    Cet effort laisse apparaître le lent travail de composition, la fragilité de chaque « solution » et ses ajustements successifs. Dans son univers, aucun sujet ne se résume pas à une seule image, aucun tableau n’est jamais clos sur lui-même : il prend tout son sens dans sa relation aux autres. Peu à peu, de vastes champs de couleur bleue font leur apparition. Particulièrement frappantes sont les quatre immenses Stèles (1995) présentant une incision blanche, verticale cette fois, tel un éclair. Paysage abstrait ? nocturne ? Geneviève Asse évite cette assimilation : si la nature demeure probablement son point de départ, elle n’en constitue nullement l’aboutissement.

    Face à cette œuvre singulière, une question s’impose que seule la distance permet d’aborder, celle de la place de cette production artistique dans son contexte historique et de son influence éventuelle. Une certitude demeure : la disponibilité de Geneviève Asse à la beauté. Article d’Itzhak Goldberg – Journal des Arts


    Geneviève Asse. Le bleu prend tout ce qui passe,
    jusqu’au 18 mai, Musée Soulages, jardin du Foirail, av. Victor-Hugo, 12000 Rodez.